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Se souvenir

Les Avants

Le village fut l'une des premières stations de ski de Suisse. Au XIXe siècle, la station connaît un certain développement touristique avec l'édification des premiers hôtels par la famille Dufour. Le percement du tunnel de Jaman en 1905, qui réalise la liaison ferroviaire avec le Pays d'Enhaut va permettre un fort développement touristique de la station jusqu'à la première guerre mondiale, notamment avec la collaboration de l'architecte Louis Villard. Desservi par l'un des premiers chemins de fer électrifiés à forte pente et sans crémaillère, le village est une destination prisée des Anglais. Il abrite également la première piste de bobsleigh de Suisse (qui deviendra ensuite piste de luge) ainsi qu'une patinoire. C'est sur celle-ci, qui était en fait des courts de tennis transformés en patinoire situés au contrebas du "Grand Hôtel des Avants", que se disputa le premier championnat d'Europe de hockey sur glace en 1910.

Dès 1910, le funiculaire Les Avants - Sonloup (toujours en service, avec les deux voitures et la machinerie d'époque, rénovées entre juin 2012 et janvier 2013) dessert le site de Sonloup et permet aux lugeurs de remonter en haut de la piste.

La première guerre, puis surtout la crise de 29, vont stopper le développement et les grands hôtels vont peu à peu fermer. Concurrencés désormais par les nombreuses stations de sports d'hiver qui voient le jour après la guerre 39-45, Les Avants ne vont plus jamais connaître la fréquentation touristique du début du siècle. Ernest Hemingway a résidé peu avant le village (à La «Pension de la Forêt» à la sortie de Chamby) durant quelques mois de l'année 1922 et y a écrit ses expériences et plaisirs de la course en luge dans plusieurs chapitres de «L'Adieu aux armes».

Dans la deuxième moitié du siècle, le village se développe en un lieu d'habitation et connaît une activité touristique de randonnée et de quelques activités hivernales de moyenne montagne (luge, raquette, ski de fond, ski de randonnée).

Le village est peuplé d'environ 450 habitants et abrite une école privée pour jeunes filles, une gare, un funiculaire, un restaurant, un café avec petite restauration, une ferme d'élevage de montagne, un court de tennis en terre battue, un mur d'escalade. Il est également le centre des bûcherons de la commune de Montreux qui possède l'un des plus grands domaines forestiers du canton. Plusieurs alpages connaissent également une activité pastorale estivale.

 

Les Avants, origine du nom du village par Manuel Riond

Comme la très grande majorité des noms de lieux de Suisse romande, le nom du village des Avants vient d’un mot d’un dialecte, ou patois, romand. Dans cette langue régionale, le nom avan (ou avàn ; au pluriel : lè-z-avàn) désigne le saule marsault (Salix caprea L.), l’osier (un saule de petite taille) ou le jonc.

Le saule marsault, l’osier et le jonc sont tous trois un indice de la présence de sols profonds et humides. On sait que le plateau des Avants, tout comme les pentes situées au-dessus du village, est tapissé d’une couche de moraine argileuse étanche. Cette moraine a été fortement tassée par un glacier local qui remplissait toute la vallée de la Baye de Montreux – depuis Sonzier jusqu’au col de Jaman ! – lors de la dernière période glaciaire il y a plus de 12’000 ans. Cette couche d’argile étanche est à l’origine de la présence actuelle de plusieurs zones marécageuses aux Avants, comme le pré humide sous la voie du MOB au début du chemin descendant aux gorges du Chauderon – ainsi qu’en amont de la voie, au lieu-dit Au Marais d’Avan sur le cadastre, c’est-à-dire le « marais aux saules ». Des saules poussaient également en contrebas de l’entrée du village, au lieu-dit Champ Avant ou En Champ Avan (« le champ aux saules »). On trouvait encore de ces arbustes aux abords des nombreuses sources (perennes ou intermittentes) en contrebas du sentier d’Azot, peu avant son entrée dans la forêt : de là les lieux-dits En Avant (autre désignation de Mollatrait) et, un peu en dessous, Au Mont d’Avan (en patois, le mon(t) est un pâturage situé entre les dernières maisons d’un village et la limite de la forêt ou des rochers qui le surplombent, ce qui décrit parfaitement ce grand pré).

On peut dire en fin de compte que le village est appelé Les Avants au pluriel car il regroupe l’ensemble des lieux-dits cités (et peut-être d’autres encore), soit En Champ Avan, Au Marais d’Avan, En Avant et Au Mont d’Avan.

Remarquons encore que le nom de notre village devrait idéalement être orthographié Les Avancs en français, par comparaison avec son diminutif Les Avanchets (que l’on trouve par exemple à Genève) – tout comme les noms propres Blanchet et Blanchette sont les diminutifs du nom propre Blanc. C’est en effet par erreur qu’on a ajouté un –t– à la fin de ce nom par analogie avec l’adverbe “avant” (contraire d’ “après”). Cela dit, l’orthographe Les Avancs aurait l’avantage de rappeler l’origine du nom des Avants, qui remonte à un ancien mot gaulois *abanco- signifiant « osier », littéralement « l’arbre du bord de la rivière ».

Enfin, le nom allemand des Avants est Schafmatten « le pré des moutons », et les habitants (humains !) du village sont appelés les Avenouds et les Avenoudes.

La légende de Sonloup

En l'an 411 après JC, avant de quitter la Bretagne, le légionnaire Andellus adopta une louve malade et fatiguée qu'il nomma Romella. Il la soigna, la nourrit des restes de la troupe et se prit d'affection pour elle malgré les moqueries des autres légionnaires qui l'appelaient fils de loup. Andellus les réduisait au silence en leur disant: "Taisez-vous ! C'est parce qu'une louve a nourri nos ancêtres que les Romains sont aujourd'hui une race d'hommes robustes et vigoureux." Alors les moqueurs se taisaient et tous respectaient sa solitude et son amitié pour Romella.

Un jour, alors que la légion se reposait au bord du lac Léman, le Capitaine, un vieux soldat bourru du nom de Linus, stipula qu'il fallait se débarrasser de tout fourniment excessif avant de repartir vers la Lombardie.

L'ordre englobait la louve aussi.

Andellus, le cœur lourd, lui fit ses adieux et Romella comprit qu'elle devait quitter le camp pour aller mourir sur la montagne. Elle commença à gravir tristement les coteaux enneigés de Sonloup. Toute la légion entendait ses plaintes déchirantes.

Au petit matin, alors qu'ils quittaient les rives du lac, les soldats entendirent le dernier hurlement de Romella. Il neigea 7 jours et 7 nuits ! Quand le soleil réapparut, la montagne était couverte de fleurs blanches en l'honneur de la louve Romella. Ce sont les narcisses.

On raconte que, les nuits de grand vent, on peut entendre encore la plainte mélancolique de la louve Romella qui appelle ses compagnons.

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